Le sucre est partout dans notre alimentation, caché dans les aliments attrayants et même dans certains autres où l’on ne soupçonne pas sa présence. Le sucre se retrouve de plus en plus dans des plats qui n’étaient habituellement pas sucrés.

Selon une étude, 75 % des aliments transformés contiennent du sucre ajouté. Le sucre est beaucoup montré du doigt en ce qui concerne son lien avec notre santé. En effet, le sucre pourrait être la cause de l’obésité, du diabète, de certaines maladies cardiovasculaires et même de certains cancers. Évidemment, on condamne le sucre, mais celui-ci fait partie d’une très grande famille – les glucides simples et complexes, les monosaccharides, les polysaccharides, etc. La famille des sucres est bien compliquée à différencier et comprend de bons sucres et d’autres moins favorables à la santé. On pourrait les séparer en deux catégories : les sucres naturels, que l’on retrouve naturellement dans nos aliments, et les sucres ajoutés, que l’on ajoute à nos plats et dont l’industrie garnit ses produits.

C’est à cette deuxième catégorie que l’on fait la guerre, car les sucres ajoutés sont souvent cachés! Selon les dernières données recueillies pour le Canada en 2004, une personne consommait en moyenne 110 g de sucre par jour, dont la moitié proviendrait de fruits et légumes.

Selon cette même étude, les Canadiens trouvaient dans les sucres, environ 25 % des calories quotidiennes recommandées par Santé Canada, mais selon l’Organisation mondiale de la santé (OSMS), depuis 2015, il est recommandé d’aller chercher seulement 5  % des calories quotidiennes dans les sucres, ce qui correspond à environ 6 cuillères à café de sucre (24  grammes) pour un adulte de poids normal. Malheureusement, les aliments que l’on peut retrouver sur le marché en contiennent beaucoup plus. Ainsi, le ketchup du commerce est constitué de 33 % de sucre, et pour la sauce BBQ, c’est plus de la moitié! Un yogourt aromatisé en portion individuelle contient de 2 à 3 cuillères à café de sucre; une canette de soda, 10 cuillères ; un jus de fruits industriel, 11!

En plus de la quantité de sucre que nous ingérons, il y a aussi la qualité qui compte. Autrefois, le sucre (soit le saccharose, qui est composé à 50 % de fructose et 50 % de glucose) provenait de la canne à sucre ou de la betterave. Depuis les années 1960, l’industrie utilise un sucre provenant du sirop de maïs avec une teneur élevée en fructose (composé à 55 % de fructose et 45 % de glucose), qui est légèrement plus sucrant que le saccharose et beaucoup moins dispendieux. Il est difficile de dire si ce dernier est plus néfaste que le saccharose, mais il contribue fortement aux différents problèmes de santé.

Le fructose est un sucre à part, car il se comporte d’une façon bien particulière dans notre organisme. Celui-ci se loge directement dans le foie, où il est transformé en partie en graisse. Il ne stimule pas la production d’insuline, l’hormone qui régule la quantité de sucre dans le sang, ce qui a pour conséquence d’augmenter les risques de diabète de type II.

Il ne stimule pas non plus la leptine, une hormone qui nous donne le signal qu’on a assez mangé et que l’on n’a plus faim. Ainsi, le fructose consommé en quantité importante engendre une panoplie de dérèglements dans notre organisme, entre autres des taux élevés de sucre dans le sang, du cholestérol, de l’hypertension et de l’obésité abdominale, ce qui peut amener par la suite des maladies cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux et du diabète.

Cette consommation importante de sucre est facilitée de nos jours grâce aux sucres liquides : les boissons sucrées. Peu importe la nature de leur sucre (le saccharose ou le sirop de maïs), le problème est qu’elles sont trop vite absorbées, en plus de contenir des quantités phénoménales de sucre! En effet, l’action de manger un aliment sucré et de le mâcher n’équivaut pas à boire du sucre. Par exemple, une pomme contient de 10 à 15 g de sucre, tandis qu’une canette de soda contient 40 g. Si, en cinq minutes, on peut ingurgiter une canette de soda, il est toutefois plus difficile de manger trois ou quatre pommes!

Afin de lutter contre cette consommation massive de sucre, l’OMS recommande de taxer les produits du sucre – surtout les boissons gazeuses et les jus industriels – au même titre que l’alcool ou le tabac. Cette comparaison peut sembler extrême, car contrairement à l’alcool ou au tabac, notre organisme a besoin de sucre pour survivre, notre cerveau à lui seul consommant 120 g de glucose par jour.

Toutefois, en augmentant de 20 % le prix des boissons gazeuses, l’OMS indique que l’on pourrait réduire du même pourcentage leur consommation. Ainsi, il ne faut pas réduire à zéro notre consommation de sucre, il faut surtout la contrôler. Pour ce faire, il est recommandé d’éviter les boissons sucrées et les jus et de privilégier l’eau! De plus, en se remettant à cuisiner et en utilisant des aliments de base, on contrôle la quantité de sucre ajoutée à nos plats et on évite les plats préparés, souvent beaucoup trop sucrés!

Villedieu, Yanick. « La guerre au sucre », L’actualité, avril 2017, no 04, p. 41-44.

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